Suite à la réunion de l’intercollèges du 14 septembre : état des lieux sur la question du FIR .

(actualisé le )

Dans la circulaire de 92 :

1) Il est d’abord précisé que les psychologues « collaborent au projet thérapeutique ou pédagogique du service ». Ce qui n’est pas repris dans la dernière circulaire.

2) « Le psychologue se doit d’actualiser sa formation sur les évolutions des méthodes et connaissances ».

3) «  Pour assumer sa démarche professionnelle propre, pour élaborer, réaliser et évaluer de façon continue son action, le psychologue effectue une démarche personnelle qui comprend les éléments suivants (….) ». Démarche professionnelle et démarche personnelle sont indissociables.

4) « La gestion du contenu de cette séquence relève du psychologue même s’il doit en rendre compte (…) ».

5) « Les tableaux prévisionnels de service doivent respecter les deux séquences ainsi définies. L’une et l’autre comprenant des fonctions inhérentes à la démarche propre au psychologue ».

Autrement dit, entre fonction clinique et fonction FIR un lien de structure existe. Or c’est justement ce lien qui est éradiqué dans la nouvelle circulaire.

Dans la circulaire de 92, la fonction FIR est un devoir (« le psychologue se doit »). Le psychologue est tenu de mettre en Å“uvre sa fonction FIR afin d’assumer sa fonction clinique. Il en va de sa propre responsabilité.

Dans les deux circulaires, il s’agit d’une démarche personnelle. Mais la finalité diffère d’une circulaire à l’autre. Dans la circulaire de 92, la finalité est collective (« Pour assumer sa démarche professionnelle propre, pour élaborer, réaliser et évaluer de façon continue son action, le psychologue effectue une démarche personnelle qui comprend les éléments suivants (….) ». Dans celle du 4 mai 2010, la finalité est personnelle. Aucun lien n’est précisé entre fonction FIR et démarche professionnelle.

Il est donc important pour comprendre le glissement, de distinguer la finalité de la fonction FIR et la manière de l’exercer.

Cette circulaire précise même : « il n’est pas envisageable que l’organisation des activités FIR se fasse au détriment des besoins du service et de l’accueil des patients ». Une autre manière de détourner le FIR de sa fonction clinique.

Dès lors que les deux fonctions ne sont plus liées, la fonction FIR apparait aussitôt comme un privilège. Elle devient un enjeu personnel qui fait déjà le lit de toutes les rivalités envieuses dans les équipes.

C’est un glissement éthique fondamental.

La fonction FIR, dans la circulaire de 92, est une nécessité et soutenue comme telle. L’Etat tient compte de la complexité de notre travail et de la rencontre inédite entre un psychologue et un sujet en souffrance. Il authentifie le devoir du psychologue de travailler des aspects qui se présentent dans l’après coup et qui sont inhérents à toute relation clinique.

La rencontre clinique nécessite un cadre où peuvent se penser et se questionner les nouages structurels à l’origine des symptômes et de la souffrance pour lesquelles un patient, une famille, vient consulter. « La prise en compte de la dimension psychique » dans la relation clinique est l’objet même du travail du psychologue. Il nécessite des moyens et un engagement personnel que nul ne peut négliger.

La position de tiers, entre institution et patients exige un travail de distanciation, de créativité et une position clinique de libre arbitre et d’indépendance qui nous est spécifique.

La circulaire du 4 mai 2010 précise que l’organisation du temps de travail du psychologue « pourrait s’effectuer sur la base de 2/3 - 1/3 (…) Cette recommandation est bien sûr à adapter par le chef d’établissement (…) ».

Le « devoir d’actualiser sa formation » se transforme en « recommandation » et « adaptation au contexte local ».

Le caractère professionnel de la fonction FIR disparait au profit d’un privilège que le chef d’établissement octroie ou non selon le contexte local.

La fonction FIR est inhérente à notre engagement clinique. Elle permet, contribue et soutient notre créativité et notre liberté d’inventer en permanence son acte par une intrication continue entre le temps d’élaboration personnel et l’acte clinique. C’est dans ce lien que se construit un savoir. On accompagne un sujet avec son symptôme qui lui appartient dans un cadre qui se construit, se transforme.

Nous sommes des cadres de conception et non de management.

Le décret de 91 et la circulaire de 92 constituent toujours une référence. Celle du 4 mai 2010, par les glissements induis, met en péril les fondements même de notre travail de psychologue et devient cause de clivage entre professionnels, entre titulaires et contractuels.

Le FIR est difficile à mettre en place pour soi. Sa mise en Å“uvre demande du temps, des liens avec ses pairs… Il est le résultat de tâtonnements, d’ajustements, de questions et recherches permanentes. Les psychologues n’ont jamais lésiné sur le coût du FIR, à la fois psychique et matériel. C’est de la responsabilité du ministère que de soutenir cette fonction.

La dissociation entre la fonction FIR et la fonction clinique pose la question de la définition même de la clinique et de la limitation de notre travail à un ensemble d’actes techniques. Or l’évaluation est avant tout un questionnement permanent sur soi, son implication personnelle, le transfert….

Il est possible de démontrer le gain de notre travail (réduction des réhospitalisations, suivis ...)

Entrer dans une logique de justification serait sans fin et conforterait l’idée que la fonction FIR se résume à une quantité d’actions sans lien avec la clinique. Elle n’est pas un simple gadget statutaire. Elle est individuelle, chacun la met en place selon ses nécessités.

Les contractuels remplissent les mêmes fonctions, ont une même exigence de qualité auprès des patients, ils ne peuvent en être privés.

La dissociation entre la fonction FIR et la fonction clinique n’a pas lieu d’être, de même que la différenciation « titulaires / contractuels ».

Nous n’avons pour l’instant pas beaucoup de moyen pour stopper ce raz de marée mais la profession peut développer des arguments pour expliquer le sens de notre travail. Le décret de 91 et la circulaire de 92 font de nous des obligés de notre profession. Trouvons les mots pour l’expliquer. Ne restons pas seul et développons nos arguments.